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Le plateau des Guyanes, situé dans la partie nord de l’Amazonie près de l’équateur, constitue un vaste territoire d’environ 2.5 millions de km2, abritant aujourd’hui une remarquable diversité taxonomique au sein de ses écosystèmes terrestres et aquatiques. Cependant, les connaissances sur la biodiversité passée de cette région, notamment en Guyane française, restent très fragmentaires, y compris pour des périodes relativement récentes comme le Pléistocène supérieur et l’Holocène. Cette lacune s’étend également à la reconstitution des paléo-environnements et à la dynamique géomorphologique, dont les mécanismes et la chronologie demeurent largement spéculatifs. Or, ces informations sont essentielles pour retracer l’évolution de la paléo-biodiversité, ainsi que les modalités de dispersion et d’installation des populations humaines au cours du Pléistocène-Holocène sur le plateau des Guyanes, en relation avec les paléo-paysages et les conditions environnementales existantes.
Les objectifs du projet doctoral sont de reconstruire les paléo-paysages et le contexte géomorphologique sous-jacents à l'évolution des écosystèmes dans le nord de la Guyane française, au cours du Pléistocène supérieur (125-12 ka) et de l'Holocène inférieur (12-8 ka). Le projet s’organise autour de deux axes complémentaires : (1) Le premier axe vise à reconstituer la dynamique des formations littorales (principalement les régions de Matiti et de la Coswine) au cours du Pléistocène, afin de retracer l’évolution du trait de côte en réponse aux fluctuations du niveau marin et de l’influence du panache sédimentaire de l’Amazone. Cette approche combine plusieurs méthodes : la cartographie et l’analyse des dépôts littoraux le long de la plaine côtière guyanaise (nature, provenance, datation), l’évaluation des taux d’érosion des côtes rocheuses, et l’exploration de l’enregistrement de la biodiversité passée (ADN environnemental) préservée dans les sédiments.
(2) Le second axe se concentre sur l’évolution géomorphologique du fleuve Maroni et de ses affluents au cours du Pléistocène, avec pour objectif de quantifier la dynamique fluviale et la production de sédiments alluviaux sur le long terme. Les archives sédimentaires de ces systèmes – partiellement cartographiées pour le Maroni – révèlent une histoire complexe, dont les mécanismes, les facteurs de contrôle et la chronologie restent à élucider. Trois questions clés structurent cet axe : (1) l’origine et la distribution des plateaux alluviaux perchés, parfois situés à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du réseau actuel ; (2) les processus responsables de l’étagement des terrasses fluviales le long du Maroni ; et (3) les liens stratigraphiques et possiblement co-génétiques entre les dépôts alluviaux et le socle altéré.
Le projet de doctorat fournira un cadre géomorphologique et chronologique pour la reconstruction des conditions paléo-environnementales dans le nord de la Guyane française. L'étude des sites littoraux permettra de déduire la position du littoral au cours du temps et les variations possibles des sources de sédiments. L'association des dépôts littoraux aux altitudes passées et à la distance à l'océan Atlantique constituera un atout majeur dans l'interprétation des résultats sur la paléo-biodiversité et les écosystèmes du projet ANR PHENOMENA. Le projet fournira également une cartographie étendue des unités sédimentaires alluviales et côtières avec leurs caractéristiques morphologiques et physico-chimiques, ainsi que les différences de source/chronologie le long des plaines côtières de Guyane française. L’étude des unités sédimentaires alluviales et des sites rocheux côtiers permettra de quantifier les taux de paléo-érosion au cours du Pléistocène, ce qui est essentiel pour reconstituer les paléo-paysages. Enfin, l'évolution post-dépôt des sédiments alluviaux/côtiers fournira un cadre de référence pour la préservation des informations géochimiques, fossiles et génomiques, ainsi qu'un contexte pour l'occupation humaine en Guyane française.